• La guerre pour Dieu

    Le Héros médiéval est célébré à travers des épopées appelées chansons de geste, cette expression vient du latin res gestae signifiant "choses faites", ou dans un sens plus noble "exploits réalisés". Dans la chanson de geste les héros sont des chevaliers, c'est à dire des guerriers de sang noble. En effet, tout comme le chef-héros de l'Antiquité, le chevalier-héros du Moyen-Age est un guerrier. Mais à l'inverse du héros antique qui accomplissait des exploits pour des motifs personnels, le héros médiéval se bat au nom de Dieu. Au Moyen-Age l'Eglise possède une très forte influence sur la société et les combats menés par les chevaliers servent à défendre leur religion ou bien à vaincre le mal. Contrairement au héros antique, la virilité pert de sa primordialité pour le héros médiéval. Il est principalement un héros mystique servant à délivrer un message de piété et un exemple à suivre par les chrétiens. Le chevalier représente donc le Bien et la vertu, par sa gentillesse, sa pureté, sa pitié et sa conduite exemplaire. C'est à cette époque que naît la saga signifiant "conte,récit" en ancien norrois (la langue des Vikings). Ce genre littéraire est très proche de l'épopée traditionnelle et se construit donc essentiellemnt autour d'un héros. Mais à la différence de la chanson de geste la saga, donne beaucoup d'importance à l'histoire familiale du héros. Encore une fois, c'est afin d'expliquer ses qualités que les ancètres du héros sont des créatures merveilleuses ou possèdent eux-même de grands pouvoirs. Mais cet engouement pour la généalogie du héros s'explique par la naissance des premières grandes familles aristocratiques. En France, les familles nobles confient aux troubadours (appelés trouvères dans le Nord de la France) le soin de composer leur légende familiale, afin d'augmenter le prestige de leur nom.

    La société médiévale a évolué depuis l'antiquité et le Héros aussi. En effet, la religion chrétienne gagne une place de choix dans la société, si bien que le clergé s'enrichit grâce aux impôts et acquiert une grande influence sur le peuple et le pouvoir. Le Héros adopte rapidement une image représentative des hauts degrés hiérarchiques de la société médiévale tout en conservant l'aspect guerrier du Héros grec. Le héros médiéval représente clairement les Croisés se battant pour l'Eglise qui se sert de lui pour justifier ses croisades et asseoir un peu plus son autorité sur le peuple. Le Héros est donc rendu plus sensible afin de pouvoir exprimer sa pitié et donner l'exemple d'un comportement très chrétien. Cependant la littérature médiévale semble totalement occulter les basses couches sociales et la bourgeoisie qui ne figurent pas parmi les modèles de cette période. Le héros médiéval est principalement utilisé par l'Eglise en tant qu'exemple à suivre pour accroître ainsi l'influence du clergé.

    Afin d'illustrer le profil du héros médiéval, je suggère de nous focaliser sur la légende du roi Arthur. Cette légende très riche rappelle la saga grâce à des histoires familiales et même si chaque personnage possède sa propre histoire et son propre destin, tous les chevaliers se réunissent sous la direction du roi Arthur en quête du St-Graal. La légende raconte l'histoire du roi Arthur, de son enfance à sa mort, à laquelle s'ajoute peu à peu celle des chevaliers. La légende mêle la religion avec la quête du Graal, le merveilleux avec l'enchanteur Merlin et des créatures fantastiques (dragons). Les héros se battent contre le mal. A l'époque médiévale ce type de combat est très symbolique et véhicule un message très chrétien puisque la lutte contre le mal (satan) est tout à fait d'actualité, avec notament la chasse aux sorcières. Ce combat contre le mal implique parfois le héros à se battre contre lui-même. Le héros doit se corriger et se punir lui-même pour expier ses fautes et espérer que Dieu l'accepte encore au paradis. Comme Lancelot qui doit se livrer une bataille intérieure afin de ne pas succomber au charme de Guenièvre, la femme d'Arthur. Le héros médiéval exprime beaucoup plus ses sentiments que le héros antique car il doit montrer l'exemple d'un comportement vertueux. Cependant il reste comme le héros antique un véritable guerrier prêt à se séparer de sa famille pour accomplir son destin de héros. En revanche, il n'est pas toujours solitaire puisque comme dans les chevaliers de la table ronde il existe parfois plusieurs héros.

    Par rapport au héros grec antique, la représentation du héros à l'époque médiévale à beaucoup évoluée. En effet, ils ne sont plus toujours représentés en combat et la présence de couleurs laisse une place plus importante à la poésie et l'émotion comme le montre l'image ci-dessous décorée de fleurs et ornée du sourire du roi Arthur. Mais malgré ces progrès l'image du chevalier-héros n'est pas fidèle à la réalité et sert beaucoup de moyen de propagande à l'Eglise. Cependant, dans l'art médiéval le héros n'occupe pas une place aussi importante que dans les siècles passés. En effet la religion occupant un rôle prédominant à cette époque (le clergé possède beaucoup de pouvoir et d'argent au Moyen-Age) les héros doivent s'effacer un peu au profit des représentations de scènes religieuses, servant à éduquer le peuple qui ne sait pas lire. L'art médiéval est très divers et le héros s'illustre dans tous les domaines: la tapisserie, la peinture, la gravure...

     

    Le Héros Médiéval

    Cette tapisserie représente le roi Arthur avec son épée Excalibur, en compagnie de Lancelot et Guenièvre. Les couleurs sont très variées par rapport aux siècles passés. Le héros exprime clairement sa joie, et la présence de fleurs et de feuillages montre que la joie du héros s'exprime au-delà de son corps. Ses vêtements ne permettent plus de distinguer ses muscles et étouffent ainsi son côté masculin. Cependant la piété est présente à travers la croix sur le bouclier de Lancelot et celle que montre Guenièvre.


    Le Héros Médiéval

    Cette peinture représente une réunion des chevaliers autour de la table ronde. Les tons bleu vivfs tranchent avec le fond pâle, donnant ainsi plus de profondeur aux personnages.