Quand le Héros meurt

Vers la fin du XIXème siècle le héros subit une nouvelle transformation et devient réaliste. Il est frappé par l'ennui et le "mal de vivre" et devient rapidement fade, sans aucune qualité. Il apparaît pour la première fois en 1869 dans l'Education sentimentale de Gustave Flaubert où il perd ses repères et n'arrive plus à rien. Le personnage principal de ce livre: Frédéric, est très important dans la littérature française et internationale car il marque "la mort du héros". Il n'est donc plus un modèle, un exemple à suivre pour les hommes. Il est désormais un homme mou, faible, vide d'idéal qui a perdu sa place dans ce monde où il se sent dérisoire. Il est à la limite du héros c'est à dire  épuisé et affaibli par tant de siècles d'existence. C'est donc à bout de force qu'il atteint laborieusement la rive lointaine du début du XXème siècle.

Ce héros est très représentatif de la société de son époque car il a conservé les libertés acquises par ses ancêtres et reflète donc la société en tant que membre fictif, mais incarne aussi la personnification du mal-être qui ronge l'époque et ne se positionne plus en modèle mais en une victime représentative et compatissante. A travers son désarroi, son dégout de la vie et son incompréhension face à l'absurdité du monde qu'il pense immuable, le héros se fait un véritable porte-parole de la souffrance du peuple qui s'enlise de déprimes en défaites. En effet, le XIXème siècle est politiquement très mouvementé avec la succession de régimes divers et variés, le peuple sombre dans une déprime progressive et s'essoufle de cette absurdité. Tout comme le peuple, le héros subit une dépression que les auteurs dénoncent à travers leurs romans.

Afin d'illustrer ce type de héros, je propose de nous intéresser à Frédéric de l'Education sentimentale. Un jeune homme, Frédéric Moreau, tombe amoureux d'une femme mariée plus âgée que lui. Cette rencontre (très célèbre) n'aboutira jamais à rien. Les deux amants n'auront jamais d'autres relations amoureuses que l'échange d'une mèche de cheveux de madame Arnoux. Le héros sombre dans une déprime progressive à mesure de l'avancée du roman. Frédéric ne vivra jamais son amour malgré des sentiments partagés. Contrairement à ses ancêtres qui parvenaient à vivre leur passion malgré les obstacles, Frédéric et madame Arnoux n'y parviennent jamais et le jeune homme découvre les tourments de la société de l'époque dans laquelle il ne  trouvera jamais le bonheur. Il s'enlise dans "le mal du siècle" et incarne le début de "la mort du héros".

L'image du héros évolue beaucoup au cours de cette période avec l'arrivée du cinéma et celle de la photographie auparavant. Le héros est donc immortalisé par des acteurs au cinéma. Il est donc très représentatif de sa société au niveau visuel. (L'art réaliste ne reflètant absolument pas le Héros réaliste j'ai jugé inutile d'en parler).

Cette image est une scène du film américain Le procès d'Orson Wales. Ce film est une adaptation cinématographique du roman éponyme de Franz Kafka. Le décor ainsi que la lumière aide le spectateur à éprouver des émotions et à comprendre la vision du réalisateur. Cependant, le spectateur ne se sent pas encore très impliqué dans l'histoire car le cinéma n'est pas très représentatif de la réalité à cette époque. En effet, l'absence de couleur et la qualité des images donnent un effet froid et éloigné.